P. S. Il y a trois ou quatre jours que j'йtais gai comme un pinson et je sautais de joie comme un autre Archymиde. Je ne me possйdais pas de joie en pensant а un moyen tout simple fait pour avancer nos affaires sans retards ni remises. C'est bien, mon illustre, de courir les chances des armes et au lieu de serrer le bouton а un innocent de mettre le pиre au pied du mur et la fille au pied du lit, car tous deux ont trop а se reprocher envers nous deux, surtout envers moi, pour leur passer toutes leurs irrйsolutions, simagrйes>, mignardises etc. - Citoyen, aux armes, trкve aux poursuites, trкve aux procйdйs dйlicats, aux armes, citoyen, il est temps de terminer.
411. П. Я. Чаадаев - Пушкину.
Март - апрель 1829 г. Москва.
Mon v-u le plus ardent, mon ami, est de vous voir initiй au mystиre du temps. Il n'y a pas de spectacle plus affligeant dans le monde moral que celui d'un homme de gйnie mйconnaissant son siиcle et sa mission. Quand on voit celui qui doit dominer les esprits, se laisser dominer lui-mкme par les habitudes et les routines de la populace, on se sent soi-mкme arrкtй dans sa marche: on se dit, pourquoi cet homme m'empкche-t-il de marcher, lui qui doit me conduire? C'est vraiment ce qui m'arrive, toutes les fois que je songe а Vous, et j'y songe si souvent que j'en suis tout fatiguй. Laissez-moi donc marcher, je vous prie. Si vous n'avez pas la patience de Vous instruire de ce qui se passe dans le monde, rentrez en vous-mкme et tirez de votre propre intйrieur la lumiиre qui se trouve inmanquablement dans toute вme faite comme la vфtre. Je suis convaincu que vous pouvez faire un bien infini а cette pauvre Russie йgarйe sur la terre. Ne trompez pas votre destinйe, mon ami. Depuis quelque temps on lit le russe partout; vous savez que M. Boulgarine a йtй traduit, et placй а la suite de M. de Joui; quant а vous, il n'y a pas de cahier de la Revue oщ il ne s'agisse de vous ; je trouve le nom de mon ami Goulianof prononcй avec respect dans un gros volume, et le fameux Klaproth lui dйcer- nant une couronne Egyptienne; je crois vraiment qu'il a fait chanceler les pyramides sur leurs bases. Voyez ce que vous pouvez Vous faire de gloire. Jetiez, un cri vers le ciel, - il vous rйpondra.
Je vous dis tout cela, comme vous voyez, а l'occasion d'un livre que je vous envoie. Comme il y a lа un peu de tout, il rйveillera peut-кtre en vous quelques bonnes idйes. Bonjour, mon ami. Je vous dis comme ce Mahomet disait а ses Arabes, - ah si vous saviez!
Адрес: Monsieur Pouchkine.
412. И. А. Яковлеву.
Вторая половина марта - апрель 1829 г.(?) Москва.
Любезный Иван Алексеевич.
Тяжело мне быть перед тобою виноватым, тяжело и извиняться, тем более, что знаю твою delicacy of gentlemen. Ты едешь на днях, а я вс° еще в долгу. Должники мои мне не платят, и дай бог, чтобы они вовсе не были банкроты, а я (между нами) проиграл уже около 20 т.<ысяч>. Во всяком случае ты первый получишь свои деньги. Надеюсь еще их заплатить перед твоим отъездом. Не то позволь вручить их Алексею Ивановичу, твоему батюшке; а ты предупреди, сделай милость, что эти 6 т.<ысяч> даны тобою мне в займы. В конце мая и в начале июня денег у меня будет кучка, но покамест я на мели и карабкаюсь.
Весь твой А. П.
Адрес: Его высокоблагородию
м. г. Ивану Алексеевичу
Яковлеву.
413. H. И. Гончаровой.
1 мая 1829 г. Москва.
C'est а genoux, c'est en versant des larmes de reconnaissance que l'aurais dы Vous йcrire, а prйsent que le Comte Tolstoy m'a rapportй Votre rйponse: cette rйponse n'est pas un refus, Vous me permettez l'espйrance. Cependant si je murmure encore, si de la tristesse et de l'amertume se mкlent а des sentiments de bonheur, ne m'accusez point d'ingratitude; je conзois la prudence et la tendresse d'une Mиre! - Mais pardonnez а l'impatience d'un c-ur malade et > (7) de bonheur. Je pars а l'instant, j'emporte au fond de l'вme l'image de l'кtre cйleste qui Vous doit le jour. - Si Vous avez quelques ordres а me donner, veuillez les adresser au Comte de Tolstoy, qui me les fera parvenir.
Daignez, Madame, accepter l'hommage de ma profonde considйration
Pouchkine.
1r Mai
1829.
414. Б. Г. Чиляеву.
24 мая 1829 г. Коби.
(Черновое)
Несколько путеше<ственников> след<ующих> по каз.<енной> надоб.<ности> находятся здесь в самом затрудн<ительном> положе<нии> и зная по слухам Вашу снисходитель[ность], решились прибегнуть к Вашему покрови<тельству>.
Сделайте милость послать к старш<ине> ароб<щиков>. О сем просят убедительнейше арт<иллерии> под<полковник> Бауман, гр.<аф> Му.<син>-Пушкин и я.
Прими<те>
415. Ф. И. Толстому.
27 мая - 10 июня 1829 г. Тифлис.
(Черновое)
Сей час узнаю, что было здесь на мое имя письмо, полагаю, любезный граф, что от тебя. Крайне жалею, что оно уже отпра<влено> в дей<ствующий> отря<д>, куда еще я не так легко и не так скоро попаду - делать нечего. Путешествие мое было довольно скучно. Начать, что поехав на Орел а не прямо на Воро<неж>, сделал я около 200 <верст лишних>, зато видел Ермо<лова>. Хоть ты его не очень жалуешь, принуж<ден> я тебе сказать, что я нашел в нем разительное сходство с тобою не только в обороте мыслей и во мнениях, но даже и в чертах лица и в их выраже<нии>. Он был до крайности мил. Дорога через Кавказ скверная и опасная - днем я тянулся шагом с конвоем пехоты и каждую дн<евку> ночевал - за то видел Казбек и Терек, которые стоят Ермолова. Теперь прею в Тифлисе, ожидая разрешения гр.<афа> Паск<евича>.
416. H. H. Раевскому-сыну (?).
30 января или 30 июня 1829 г. Петербург или Арзрум.
(Черновое)
Voici ma tragйdie puisque vous la voulez absolument, mais avant que de la lire j'exige que vous parcouriez le dernier tome de Karamzine. Elle est remplie de bonnes plaisanteries et d'allusions fines а l'hist. de ce temps-lа, (8) comme nos sous--uvres de Kiov et de Kamenka. Il faut les comprendre sine qua non.
A l'exemple de Sheks. je me suis bornй а dйvelopper une йpoque et des personnages historiques sans rechercher les effets thйвtrals, le pathйtique romanesque etc... Le style en est mйlangй. Il est trivial et bas, lа oщ j'ai йtй obligй de faire intervenir des personnages vulgaires et grossiers - quant aux grosses indйcences n'y faites pas attention; cela a йtй йcrit au courant de la plume, et disparaоtra а la premiиre copie. Une tragйdie sans amour souriait а mon imagination. Mais outre que l'amour entrait beaucoup dans le caractиre romanesque et passionnй de mon aventurier, Дмитрий amoureux de Marina pour mieux faire ressortir l'йtrange caractиre de cette derniиre. Il n'est encore qu'esquissй dans Karamzine. Mais certes c'йtait (9) une drфle (10) de jolie f emme. Elle n'a eu qu'une passion et ce fut l'ambition, mais а un degrй d'йnergie, de rage qu'on a peine а se figurer. Aprиs avoir goыtй de la royautй, voyez-la, ivre d'une chimиre, se prostituer d'aventuriers en aventuriers - partager tantфt (11) le lit dйgoыtant d'un juif, tantфt (12) la tente d'un cosaque, [et] toujours prкte а se livrer а [celui qui] quiconque peut lui prйsenter [une] la faible espйrance d'un trфne qui n'existait plus. Voyez-la braver la guerre, la misиre, la honte, en mкme temps (13) traiter avec le roi de Pologne de [puissance а puissance] couronne а couronne - et finir misйrablement l'existence la plus orageuse et la plus extraordinaire. Je n'ai qu'une scиne pour elle, mais j'y reviendrai, si Dieu me prкte vie. Elle me trouble comme une passion. Elle est horiblement polonaise, comme le disait [la cousine de M-de Lubaumirska].
Гаврила Пушкин est un de mes ancкtres, je l'ai peint tel que je l'ai trouvй dans l'histoire et dans les papiers de ma famille. Il a eu de grands talents, homme de guerre, homme de cour, homme de conspiration surtout. C'est lui et Плещеев qui ont assurй le succиs du Самозванец par une audace inouпe. Aprиs je l'ai retrouvй а Moscou, [parmi] l'un des 7 chefs qui la dйfendaient (14) en 1612, puis en 1616 (15) dans la Дума siйgeant а cфtй de Козьма Minine, puis воевод<а> (16) а Нижний, puis parmi les dйputйs qui couronnиrent Romanof, puis ambassadeur. Il a йtй tout, mкme incendiaire, comme le prouve une грамота que j'ai trouvй а Погорелое Городище - ville qu'il fit (17) brыler (pour la punir de je ne sais quoi) а la mode des [comissaires] proconsuls de la Convention Nationale...
Je compte revenir aussi sur Шуйский. Il montre dans l'histoire un singulier mйlange d'audace, (18) de souplesse et de force de caractиre. Valet de Godounof, il est un des premiers Boyards а passer du cфtй de Дмитрий. Il est le premier [qui l'accuse] (19) qui conspire, [qui] et c'est lui-mкme, notez cela,qui se charge de retirer les marrons du feu, c'est lui-mкme qui vocifиre, qui accuse, qui de chef devient enfant perdu. Il est prкt а perdre la tкte, Дмитрий lui fait grвce dйjа sur l'йchafaud, il l'exile et avec cette gйnйrositй йtourdie qui caractйrisait cet aimable aventurier il le rappelle а sa cour, il le comble de biens et d'honneurs. Que fait Шуйский qui avait frisй [le supplice] [et] de si prиs la hache et le billot? (20) il n'a rien de plus pressй que de conspirer de nouveau, de rйussir, de se faire йlire Tsar, de tomber et de garder dans sa chute plus de dignitй et de force d'вme qu'il n'en eut pendant toute sa vie.
Il y a beaucoup du Henri 4 dans Дмитрий. Il est comme lui brave, gйnйreux et gascon, comme lui indiffйrent а la religion - tous deux abjurant leur foi pour cause politique, tous deux aimant les plaisirs et la guerre, tous deux donnant dans des [chimиres] projets chimйriques - [tout] tous deux en butte aux conspirations... Mais Henri 4 n'a pas а se reprocher Ксения - il est vrai que cette hurrible accusation n'est pas prouvйe et quant а moi je me fais une religion de ne pas y croire. -
Грибоедов a critiquй le реrsonnagе de Job - le patriarche, il est vrai, йtait un homme de beaucoup d'esprit, j'en ai fait un sot par distraction.
En йcrivant mon Годунов (21) j'ai rйflйchi sur la tragйdie et si je me mкlais de faire une prйface, je ferais du scandale - c'est peut-кtre le genre le plus mйconnu. On a tвchй d'en baser les lois sur la vraisemblance, et c'est justement elle qu'exclut la nature du drame; sans parler dйjа du temps, des lieux etc., quel diable de vraisemblance y a-t-il dans une salle coupйe en deux dont l'une est occupйe par 2000 personnes, censйes n'кtre pas vues par celles qui sont sur les planches?
2) la langue. Pa. ex. le Philoctиte de la Harpe dit en bon franзais aprиs avoir entendu une tirade de Pyrrhus: Hйlas, j'entends les doux sons de la langue grecque. Tout cela n'est-il pas d'une invraisemblance de convention? Les vrais gйnies de la tragйdie ne se sont jamais souciйs d'une autre (22) vraisemblance que celle des caractиres et des situations. Voyez comme Corneille a bravement menй le Cid: ha, vous voulez la rиgle des 24 h.? Soit. Et lа-dessus il vous entasse des йvйnements pour 4 mois. Rien de plus ridicule que les petits changements des rиgles reзues. Alfieri est profondйment frappй du ridicule de Va parte, il le supprime et lа-dessus allonge le monologue. Quelle puйrilitй!
Ma lettre est bien plus longue que je ne l'avais voulu faire. Gardez-la, je vous prie, car j'en aurai besoin, si le diable me tente de faire une prйface.
A. P.
1829 [S. Pb.] 30 j<нрзб.> (23)
417. M. П. Погодину.
Конец сентября - 12 октября 1829 г. (?) Москва.
Извините меня, ради бога - обязанность так сказать священная..... До свидания. Извините еще раз.
А. П.
418. А. X. Бенкендорф - Пушкину.
14 октября 1829 г. Петербург.